Lorsque mon corps mourra
il n’y aura plus jamais sur la terre cette façon d’empoigner le monde
plus jamais cette crudité-là
plus personne ne ressentira
ce que c’est qu’habiter être ce corps-là
seule dans tout l’univers
ma matière l’aura su
A un homme du futur je lègue ce testament
puisque je vais mourir
je déclare : voici !
ce que c’était, cette année-là, sur terre,
ce recoin cet endroit
ce local que certains appellent « je » ou « moi »
voici comment je disposai de ce site imprenable
pourtant si souvent pris
voici comment j’approchai comme je pus de ce « là »
où les mots n’entrent pas
où me fit atterrir une histoire qui n’était pas la mienne