IL CHALOUPAIT SUR LES TROTTOIRS (2006)

Il chaloupait sur les trottoirs
avec son beau blouson froncé
il marchait en roulant un peu
d’un pied sur l’autre, et ce détail
imperceptible boiterie
m’intéressa comme une faille
Ce garçon aurait-il du jeu ?
Il m’embrassa sous réverbère
rue de l’Abbé je m’en souviens
de l’Épée au coin du Boul’mich
n’était-ce pas un peu postiche ?
Je sortis ainsi de la friche
Nous nous prenions pour une affiche
C’était la nuit, et je fus fière
de jouer mon rôle avec sérieux
tout en me dédoublant un peu
C’était grisant, c’était pas mal
Ah, que ce baiser fut fatal !
Il drapait sur lui un défi
dont il occupait tous les plis
Il avait la voix des cigales
Malpoli comme une fringale
Il était un peu trop petit
mais il compensait cette faille
en marchant sur une spirale
et sa voix était d’organdi
Il déclamait, il parlait d’or
La mise en scène était de lui
la foudre y faisait sa patrie
le mugissement du stentor
y aurait aussi sa partie
Dans ce film des années 60
je n’étais qu’une figurante
le duo des amoureux fous
resta boiteux. Et l’apparente
harmonie se cassa le cou
Ah, que ce baiser fut fatal
à ma jeune vie ! Beau cadeau
d’avenir mangé de dédales,
Il marchait en roulant un peu
d’un pied sur l’autre, et ce détail
m’intéressa comme la faille
imperceptible du boiteux
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