écrit sur le boulevard saint-Michel
Ah que celle valse insensée drossée
scintillant du moindre baiser
Laisse la traînée sur ma peau
D’argent que font les escargots
Luisants d’humide glissando
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Ah que cette valse boisée cette trace moirée
Ah que cet ourlet
ah que ce ressac drossé
Ah que ce tango
Ah que ce temps arraché…
Alceste vous valsez
Alceste vous pleurez
Vous mon portrait craché
Alceste vous mourez
Sous la pluie d’été
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Gymnaste à l’esprit de sel
Jalousie de l’arc en ciel
Disparition dont l’éclat
Déplie la volée du drap
Un fragment d’éternité
De très grande taille
Promène sa vérité
Celle-ci marche à quatre pattes
Et parfois s’arrête
On dirait un petit chien
Qui tenu en laisse
Entre les pieds des déesses
tire sur la corde et flaire
sur le sentier de la gloire
un relent bizarre
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S’amusant des conséquences
D’une naissance
Un filet d’eau court et danse
Ce fil secrète puissance
Ce filet d’intime absence
Un flûtiste l’attrapa
Et il en fit une transe
Il l’attrapa des deux doigts
Quatre bulles d’existence
Il en fit une espérance
Une comptine enfantine
Un conte une litanie
Ou même une liturgie
Cela n’urgeait pas je pense
J’en ai cassé mon crayon
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Celle qui transgresse
Les routes offertes
C’est la vérité
Bondir hors du siècle
Être là pourtant
Caresser le temps
D’un peigne d’argent
D’une exception faite
D’une chevelure
Caréner le vent
Oraison terrestre
Ô témérité
As-tu mérité
De faire éternuer
De l’éternité
Le souffle exténué ?
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Une éternité
de très grande taille
me prend par la taille
ô valse insensée
disproportionnée.
Un nuage passe.
Salade frisée
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Un nuage passe
grossit puis dégonfle
chou-fleur infini
qui crève d’ennui
de splendeur aussi
Le gel étincelle
au bout de ses doigts
larme de cirrus
colère immobile
Geste insubmersible
À jamais fixé
volatilité
de l’éternité
de ce terne été
Au bout de mes doigts
Le ciel joue aux billes
les nuages dansent
un corps se raidit
le chasseur transi
d’un pays fini
boit à la goulée
une giboulée
de mélancolie
temps inarrêtable
lourd, interminable
un nuage déplie
reste insubmersible
son inaccompli
un nuage dévêt
un cirrus défait
sa bonde et déverse
d’un geste immobile
la trombe et déverse
en subite averse
sur mille fourmis
sa jupe plissée
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Elle ne savait plus chausser
La grande distance
À son pied menu
Elle avait perdu cet art
De bondir du cercle
Et d’entrebâiller
Un rire d’ogresse
À sa gentillesse
À son carnet de croquis
Entre ses bras nus
Pend un calicot
La mer applaudit
Mille vaguelettes
Font bravo bravo
Grenue de galets
les pieds nus dans l’eau
elle ne sait plus chausser
que les ombres du ruisseau
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Un marcheur oblique
Sous un ciel de traîne
Compte les averses
Et fait des croquis.
Le papier soudain s’écrie :
« Ô tunique énigmatique
Cet azur pavé de christs
C’est le ciel d’été
Qui fait les marchés
Et qui regarde pousser
L’immensité balafrée
des coquelicots
Sur la voie ferrée. »
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papier tu es trop bavard
ô papier buvard
L’aquarelliste agacé
compte les traverses
de la voie ferrée
pour les dessiner
car sur le papier
elles forment une échelle
montant vers le ciel
et il attrape au passage
un merle hâbleur
qui fume le narguilé
et qui lui demande l’heure
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Le donné de ce jour
Passait dans la cour
Mésange ô ma délicate
Mésange qui renouvelle
des anges la ribambelle
Tu me parles d’elle
Elle n’est plus là tu sais
Elle aimait les oiselets
Et leurs pattes si fragiles
Mais aussi le chat des villes
Qui leur court après
Je te regarde passer
Moi le félin imbécile
Je voudrais bien t’attraper
Je ne saisis qu’un regret
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c’est l’azur fêlé d’éclipse
du petit équilibriste
sur le fil oblique
que je tricote si triste
tous mes sens s’emballent
mais le sens se fait la malle
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j’oublie tous les mots
j’entends la musique
Cher Monsieur je ne pense pas
que tout cela soit au point
de ci, de là mon cœur bat
comme un vieux moulin
J’aimerais bien néanmoins
Recueillir un mince avis
Dans quel sens retravailler
De quelle absence élaguer
Dans quel sens renoncer
Ou ne pas renoncer ?
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Dans quel sens reboiser
Dans quel sens accointer
ou ne pas recoincer ?
Je ne l’immense pas
De danse est ma pensée
Mon audace est percée
De moments crevassés
Ma mâchoire est gercée
Par ce siècle gelé
Je suis fort écrasée
À la simple idée
De cet empyrée
qu’est le milieu littéraire
Si tu n’es pas un génie
Tu n’existes pas
Si tu n’es pas ce qu’on dit
On te pince on te radie replie
Et l’on t’expédie
De l’autre côté du monde
Si jamais on t’a souri
On changera de trottoir
Tu n’es qu’un non lieu
Le monde est coupé en deux
Honte à ta mémoire