Tes mots sont doux tes mots sont suaves
Ils sont exquis. Moi, j’ai la rage.
Caresses du vent baisers fleuris
Tendre personne effleurements
Baiser secret sorcière douce
Tels sont les mots que tu m’écris
Or, moi, je te réponds ceci :
cartonneuse, ennemie, distance
jours languides et roc intraitable
pariétaire, crassulescence
aspérules à l’esquinance
j’écris mots comme cicatrices
les aime étranges, en noircis listes
pêchées aux dictionnaires happées
aux hasards clairs aux oubliettes
les ânonne vraies litanies
adressées aux vierges Marie
perles fines je les enfile
les suçote et les fume comme
pianotage d’élytres discrets
piqueurs mordorés les fredonne
coquillages qu’on collectionne
lorsque la mer s’est retirée
Douces et stimulantes provocations,
Dis-tu charmé (parfois). Mais non.
Je cherche alcool, morsure en bouche,
Goûts inappris, lointains de fourche,
Et c’est à des nappes obliques
que je m’abreuve un peu farouche
Enfant sauvage et botanise
La chair du monde telle Isis
Ou bien trop seul iris coupé.
Tes mots sont doux tes mots sont suaves
Ah, que ne sais-je un peu les boire !
Ils sont exquis. Moi, j’ai la rage.