PONTS DE PARIS – Pour JOACHIM (2020)

Quand tu viendras je t’emmènerai
marcher sur les quais. Tu verras.
Comment va ton pied ? Sus à l’ouest.
Salut vieux Pont-neuf. Je traverse.
Quai du Louvre, dis-moi quelque chose
Pont Royal, quelle est ton histoire ?
Et toi, port de la Conférence, d’où vient
ce nom évoquant la rencontre
entre solennelles puissances ?
Quoi ? Que dis-tu ? Qui que quoi qu’est-ce ?
Que Paris vaut bien une messe ?
Marcher le long de l’eau, quel sport !
Quand arriverai-je à bon port ?

Sur le port des Champs-Élysées
Les péniches semblent désertes
Bombant son ventre d’Artaban
voici venir le Grand Palais
Comme un énorme verre à pied
il trinque à ma petite santé
Vue du fleuve qui l’ouvre en deux
La ville paraît plus lisible
Son plan devient intelligible
Les autos sont dans l’angle mort
Les amoureux dans l’angle vif
Marcher le long de l’eau, quel sport !
Quand arriverai-je à bon port ?

Port de Billy, j’écris ton nom
Qui est ce Billy, je l’ignore
Austerlitz, Iéna, quoi encore ? Napoléon n’est-il pas mort ?
D’un petit signe au bord d’une île
je n’oublie pas de saluer
la statue de la Liberté
A Blériot je dois remonter
Qui donc a fait cette autoroute ?
Il n’y a plus de Point du Jour
Marcher le long de l’eau, quel sport !
Quand arriverai-je à bon port ?

Traverser Paris ou la Manche
donquichotter, faire la planche
Port d’Auteuil, dis-moi que la rose
se souviendra de tes pavés
Et toi, viaduc, fais-moi de l’œil
mais le grand duc à deux étages
n’existe plus. C’est un mirage
C’était en quelle année, déjà,qu’on a fait de toi des gravats ?
Marcher le long de l’eau, quel sport
Quand arriverai-je à bon port ?

Que dans ces beaux quartiers le quai
est plus lugubre et menaçant
que du côté du Châtelet
où le touriste et sa dégaine
en Nike ou Puma se promènent.
Ici l’errance est un sinistre les marcheurs sont patibulaires
les arbres ont de mauvais airs
Pas d’appareil-photo, quelle cloche,
il est en panne, oui, c’est moche
Marcher le long de l’eau, quel sport !
Quand arriverai-je à bon port ?

Pont Mirabeau, fin du rosaire,
que Paris soit une prière
à tous ceux qui cherchent leurs morts
Bien sûr, il fait la sourde oreille
D’Apollinaire il est KO
et j’aperçois, c’est pas trop tôt, le bel autobus sur son dos
ce bon 62 ce vieux frère
qui m’a tant bercée. Ô, misère !
je boirais bien un peu de bière
Marcher le long de l’eau, quel sport !
Quand arriverai-je à bon port ?

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