BAISSE DE PRESSION (2006)

Et ce que je pense à présent, ce que vraiment
je sens, cet ignoble petit pincement
Sur la corde de la douleur,
je le pense en cachette et à double cœur
J’ouvre un tiroir secret, j’y écris mes désillusions
Je n’ose te les dire. Prudente comme un serpent je rampe.
Bovine je rumine. Pourtant, ce serait bien,
De pouvoir se parler de ces phénomènes de déception
De décapitation de déprise. Nul n’y échappe, à ce cortège
De sensations boiteuses qui clopinent dans la neige
Car ce sont des suivantes fidèles.
Elles accompagnent de leurs mains vides
et presque sans doigts les porteuses triomphales
de flambeaux qui les ont précédées en fanfare.
Ce sont leurs ombres, ou le fond du tableau.
Tout ce grisâtre, c’est l’obscur qui nous fonde.
 
Les porteuses d’illusions marchent poing sur la hanche,
et l’échine redressée, royales, tandis que les suivantes
ont mal au dos et les genoux qui flanchent.
Nous pourrions en parler, examiner ensemble
ce voyage obligé sur la carte du Tendre,
en rire et compatir : « Je ne sens plus l’azur,
l’essor s’est brisé l’aile, l’envol s’est cassé la figure
et j’ai perdu la foi, l’espérance et la charité !
Pourtant, je veux encore. Ne veux pas te lâcher. »
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