Tu étais fragile
Tu marchais sur un fil
Tu ne savais pas où tu allais
Tu t’asseyais dans les squares
Tu y passais des heures
Tu voguais de salle en salle
D’occupation en inoccupation
Tes horaires étaient décalés
Tu entrais en catimini
Tu discutais avec de vieux portiers
Tu repoussais les tables
Ton emploi du temps était plein de trous
Tu te laissais encercler par la ville
Tu traversais des ponts d’acier
Tu n’étais pas en sécurité
Tu avais peur de l’avenir
Tu t’empêchais de réfléchir
Tu ne savais pas ce qui allait t’arriver
Tu ne voulais pas y penser
Une voix disait à ton oreille
Tout se passera bien ne crains rien.
Tu n’étais pas à ta vraie place
Tu te sentais rabaissée
Par ton métier de soigneuse à domicile
Tu te penchais sur le corps des autres
Presque putain presque catin
Le tien n’allait pas bien
Mais tu faisais ça bien
Disais : On verra bien
Tes ambitions s’amenuisaient
Ton métier t’humiliait
Ou bien tout au contraire
C’était là ton secret
Personne n’y comprenait
Rien mais tu le faisais
Personne ne savait
Dans ce boulot qui tu étais
Tu leur mentais tu faisais la
Gentille dame que tu n’étais pas
Tu étais la marionnettiste
De ces vertèbres tristes
Tu voyais des fesses en gros plan
Tu leur disais faites ceci
Faites cela. Ils étaient dociles
Très peu rebelles fort peu critiques
Tu leur aurais dit Jetez-vous
Par la fenêtre ils l’auraient fait
En te disant merci