Ah, j’aurais tant aimé que. Mais.
Me voilà prise au piège avec cet homme qui lit son texte.
Il me condamne à l’écouter.
Il a tant travaillé pour préparer ce jour.
Ce speech, cette petite réunion.
Sa voix est robinet d’eau tiède. Je m’ennuie poignardée par l’indifférence.
Baisers polis te proclamant : n’existe pas. L’intruse !
Surtout n’existe pas.
Que tu existes à coup de poing m’indiffère
Qui tu es ? je m’en fous. Ne sois pas.
S’il te plaît, ne sois plus !
Ah, ce baiser poli ! Comme un galet de quartz.
Après quoi, il est quitte.
Il a bien fait semblant. Au début,
j’aurais bien aimé que
de l’amitié naisse entre nous.
Mais c’était le début. Moment où l’on invente l’autre,
où, quand il fait semblant, on croit que tout est vrai.
À présent, le néant astucieux me susurre :
écris-les, tes poèmes de haine.
Et décris ce ton pénétré, ce débit régulier.
La si longue habitude de bâillonner les autres
que cet homme a dû prendre dans sa vie patenôtre
quand il était un chef – un homme avec un titre –
ou seulement un sous-fifre
Difficile à décrire, cet ennui.
Où très délicatement je me décolle de mon existence.
Ma peau se décolle craquelle. Je me disjoins.
Je reste assise, je fais semblant.
Oui. Je fais semblant d’être là
assise comme un tas
de semblants d’êtres moi.
Qui décampent tous à la fois