SEPTEMBRE-OCTOBRE 2017. RENTRÉE

28 août 2017
Dernier jour.
En attendant le taxi islais

TOUT CE QUE JE N’AI PAS FAIT
je n’ai pas été pêcher la crevette
je n’ai pas cueilli de mûres
je n’ai pas emporté masque et palmes à la marée basse pourtant l’eau était claire
je n’ai pas écrit un poème par jour
je n’ai ni dessiné ni peint
je n’ai pas fait le tour de l’île en ULM avec Rémy et pourtant j’en avais envie
je n’ai pas été faire le marché le matin à Saint-Sauveur ni rencontré Yann Lotte
je n’ai jamais été me baigner au club de voile
je n’ai pas marché sur les rochers de la Gournaise qui se découvrent à marée basse
je n’ai pas appelé le plombier
je n’ai pas appelé le couvreur
je n’ai pas croqué les baigneurs sur la plage
je n’ai pas été à la pointe des Corbeaux
je n’ai pas envoyé de cartes postales (sauf une : à Colette)
je n’ai pas nagé le dos crawlé en frappant l’eau de mes grands moulinets de bras
(je n’ai pas entendu Robert Aron soupirer : « comme ça a l’air facile ! »
je n’ai pas entendu Didier Anzieu coiffé d’un chapeau de paille commenter sur la plage de la Maloune le journal l’Équipe
ni sa femme Annie dire en parlant de sa fille Christine que c’était « un brillant sujet »

MAIS :
j’ai pris des photos de choses qui me dépassent
que je ne pourrais ni peindre ni décrire
j’ai contemplé des paysages que je ne pourrais ni peindre ni décrire
je suis souvent allée voir le soleil se coucher sur la mer
j’ai photographié un vol d’étourneaux
à mon dernier coucher de soleil aux Broches il y avait du monde
et une femme est passée en vélo en clamant : « Profitez ! avant les éoliennes ! »

1er septembre 2017
rentrée
« J’ai rien à dire j’sais pas quoi dire… »
ça commencerait comme ça
genoux pliés tête penchée
paupières en rideau
lippe en dégoût

ça commencerait
pas bien du tout
mais ça commencerait
on hésiterait
à dire que ça débute
car on se souvient
de quelqu’un
qui débute par ces mots
« ça a débuté »

et ensuite il tire la chasse d’eau
ça débite.
Ça débotte.

On se dit
qu’on n’est pas un débit de mots
on débite des sornettes
(on n’est pas une débutante)
on bute
on est dubitatif

Samedi 2 septembre
Ah où est-il l’endroit
où pouvoir être moi
où pouvoir être là
et pourtant composer
sur ce qui n’est plus là
sur ce qui s’est passé
ou pas ?

Téléphoné à Colette Debizet après le marché (moules, sardines, potimarrons, patates, oignons, courgettes, tomates de pays…), comment va ?
Elle me donne rendez-vous à 15 heures au kiosque du parc Montsouris, écouter la chorale que nous avions déjà entendue ensemble au Luxembourg, les bachi-bouzouks, quel bon souvenir, je jubile.
Hélas il pleut, et pas de chaises pour s’asseoir (des chaises de jardin rouges se trouvent pliées à l’intérieur du kiosque, mais, me dit une des chanteuses « on n’a pas le droit de s’en servir », ben voyons).
« ça commencerait comme ça – chaises pliées.. »
J’entraîne Colette chez moi puis on finit chez elle.
Lui demande de me parler de l’exode ayant cet été lu un livre de Pierre Miquel à ce sujet, qui m’a appris bien des choses tragiques que ne recouvrait pas le tout simple « tu as fait l’exode à deux mois » de ma mère (par le train, si j’ai bonne mémoire, avec marche sur le ballast – j’ai retenu ce nom, ballast.)
En 1940, Colette avait 16 ans dans la Creuse (l’Allier ?), elle habitait au bord de la ligne de démarcation Moulins-Guéret.

(« Ah où est-il l’endroit… ? » Me vient en marchant l’intuition que ce lieu existe, c’est mon rez de chaussée tout blanc, tout juvénile, refait, qui m’offre le parfum de Shérane lorsque je pousse la porte.

J’emprunte à Colette un livre de Christophe André sur la méditation : que raconter au groupe spi, il fait allusion à un certain moment aux capacités négatives dont parle poète anglais Keats… ah le chien ! il ne cite pas Adam Phillips le disciple de Winnicott qui a consacré tout un livre à ces aptitudes positives aux choses embêtantes ? Négatives ! Cette capacité positive de traverser le négatif ? De vivre ? des choses ? des situations perturbantes ? cette aptitude en somme à assumer la perturbation – je dis le chien car ce noble psychiatre comportementaliste s’épargne de la sorte de citer un vilain psychanalyste – race abhorrée, méprisée, dépassée ? – moi je trouve ça « petit »; petit petit !

– Tu vas pas me dire que c’est pas la lecture d’Adam Phillips qui t’a mis sur la piste !! me chanter que tu lis Keats dans le texte !! quand même !! pas pousser !!!
«Ça débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien.

« Je suis pliée en deux devant mon ordinateur et pourtant c’est bien là le lieu qui, l’acte qui, pas le lieu, non taper, écrire – dire qu’on est en train de lire Les Mémoires d’outre-tombe et qu’on est surpris(e) que Chateaubriand lui-même le mettre au masculin, quoi, un mémoire ?? mais c’est une facture, bon sang un mémoire !!… je vérifie quand même.
« J’avais beau essayer de me perdre pour ne plus me retrouver devant ma vie, je la retrouvais partout simplement. Je revenais sur moi-même. Mon trimbalage à moi, il était bien fini. À d’autres ! … Le monde était refermé ! À bout qu’on était arrivés nous autres !… Comme à la fête ! … Avoir du chagrin c’est pas tout, faudrait pouvoir recommencer la musique, aller en chercher davantage du chagrin… Mais à d’autres!.. C’est la jeunesse qu’on redemande comme ça sans avoir l’air… Pas gênés !… »
Erreur d’aiguillage. Quand aurai-je le courage de relire le Voyage ??
Je reviens à mes moutons.… Un mémoire, c’est donc :
Écrit où sont exposés les faits et les idées qu’on veut porter à la connaissance de quelqu’un : Un mémoire d’ambassadeur.
Exposé complet d’une question, d’un sujet, rédigé en vue d’un examen, d’une communication dans une société savante : Présenter un mémoire de maîtrise.
– Relevé des sommes dues par un client à une entreprise.
– Acte de procédure produit devant certaines juridictions, contenant les prétentions et moyens du plaideur

Aux Gobelins:
« un savoir-faire français que les générations futures doivent continuer à perpétrer… »

Jeudi 7 septembre
dans la rubrique « elle est incroyable »
(Evelyne Toromanian sur Facebook) :
« Hello les Amis,
J’ai cet élan d’exposer mes peintures orgasmiques de nouveau. Paris, France, Belgique, ailleurs…Si vous avez un lieu et que vous êtes sensible à mes œuvres, contactez moi en mp. Si vous souhaitez faire un évènement Artistique et Transformation au cœur de nos sens, contactez moi, qu’on en discute
. » 

« Ah,où est-il l’endroit ?
« L’endroit et le royaume. L’endroit de l’être là.
Pas ailleurs, être ici, être là, être Y, être X. Être soie.
Mon lit plat, dans la chambre neuve…

Je me souviens d’avoir écrit à plat ventre dans l’herbe, c’était dans le jardin de Villeneuve Saint-Georges. Je me souviens de ses pavots, de ses soucis, des roses trémières – première fois je crois bien que je voyais des roses trémières – et aussi des groseilles à maquereau.
Du pommier où grimpait Barbel.
Les images s’enchaînent.
Oh Barbel qu’es-tu devenue ?
T’ai-je aimée ? Pas aimée ? Jalousée ? méprisée ? Admirée ?
Barbel était la jeune fille au pair, elle avait un petit cheveu sur la langue.
Je me souviens que revenant de l’Alliance française elle faisait cuire les épinards dans une grosse marmite pleine d’eau où elle les lançait avec de grands gestes généreux.
Elle ne craignait pas sa peine.

Je me souviens aussi que nous n’avions pas de machine à laver et qu’elle faisait la lessive, dans une sorte d’évier en ciment qui était dans la cave – ou bien je me trompe ? Je donnais le linge à la laverie ??
C’était une fille de la campagne. Elle grimpait dans le cerisier, cueillait les cerises, et déclarait ensuite : mais ce n’est pas du travail, ça !
Les cerises étaient des montmorency translucides, un peu aigres.
À cette époque je faisais des confitures.
À cette époque je faisais des smocks.
C’était sur du vichy à petits carreaux, je confectionnais des blouses à mes bébés.
À cette époque, je tricotais.
Je ne fumais pas

Bizarre comme les associations d’images jaillissent en arborescence pour retomber en rameaux lâches et désordonnés sur mon front, mon cerveau – le fameux cerveau tellement à la mode aujourd’hui – et je chasse les images dérangeantes comme des mouches, je chasse l’image de la jeune Allemande au pair suivante, une Brigitte blond paille, peau blanche – était-ce encore Villeneuve ? Était-ce déjà Cholet ??
Non, Cholet c’était la petite fille de fermiers, j’oublie son nom, ah mon cerveau !! Colette !
Où tous ces souvenirs vont-ils m’entraîner ?
Et si je les suivais ??

Fort énervée de ce clavier qui ne compose pas les espaces blancs – en même temps je n’ai pas branché le clavier que Rémy m’a offert.
Ah pourquoi n’accepté-je que si mal les solutions que les autres bien intentionnés me proposent, proposent à mes bizarreries, à mes informités ? Est-ce que je tiens si fort à mes infirmités ?
Je devrais analyser par exemple sérieusement pourquoi comment etc je n’ai pas voulu consenti accepté de faire le tour de l’île proposé par Rémy en août en ULM – sans voir que ce bon petit garçon ce garçonnet cet enfant ah voulait faire plaisir à sa moman lui offrir le meilleur le plus beau le plus subtil le plus sublime et moi oh méchante j’ai dit non, non, je ne te ferai pas bambino ce plaisir? Cet satisfecit ?
Ou bien tout ça est-il plus compliqué ?
Oh, cette difficulté à sortir de ses boues psychiques personnelles pour entrevoir le désir la gentillesse, l’élan la chaleur la bonté de l’autre et sa naïveté, son envie de faire plaisir et aussi d’être connu ? reconnu ??
« Et nous n’avons pas fait le tour de l’île – ni en voilier ni en avion
Et nous n’avons pas fait le tour de l’île – ni pendulaire ni autogire.

En plus je lui ai avoué que j’avais eu peur la première fois, que ça ne m’avait pas plu (mais si, ça m’avait plu !! la peur, le plaisir !! le frisson !! oui, le frisson, voilà le mot – ce conte de Grimm histoire de celui qui voulait apprendre à frissonner), que j’attendais avec impatience d’atterrir.
Oui, j’ai avoué cela. Pourquoi ??
Avoué la peur, pas le plaisir.
Pas le frisson.

« Il était une fois un garçon qui n’avait peur de rien, mais alors de rien du tout ! Claquer des dents, frémir, trembler… Tout cela ne signifiait rien pour lui qui ne rêvait que d’une chose : « Apprendre à frissonner. » Mais comment faire ?
Qu’il rencontre des fantômes ou qu’il passe la nuit dans un cimetière, rien ne semblait l’inquiéter… Jusqu’au jour où il entendit parler d’un château si terriblement hanté que nul n’osait y entrer. Le roi avait promis la main de sa fille à qui y passerait trois nuits d’affilée, mais, malgré la beauté de la jeune princesse, les candidats ne se bousculaient pas.
– Sire, dit le jeune homme, si vous m’y autorisez, j’aimerais veiller trois nuits au château…
– Te voilà bien sûr de toi, répondit le roi, et pourtant mille dangers t’attendent. Personne n’est encore revenu du château vivant !
 – Merveilleux ! s’écria le garçon. Peut-être allait-il enfin « apprendre à frissonner »… »

Démolir. Démolir son plaisir, son cadeau.
Ah, dieu ! que je suis opaque ! Obscurcie ! Emmurée dans mes états d’âme dénués de finesse et d’aromates !
Ne pas voir autrui à ce point !
Sortir des sornettes à Clara, lesquelles, déjà ??
De léchantes, démolissantes sornettes, cela va me revenir.

On alla chercher l’or et les noces furent célébrées. Mais le jeune roi continuait à dire : « Si seulement j’avais peur, si seulement je pouvais frissonner ! » La reine finit par en être contrariée. Sa camériste dit :
– Je vais l’aider à frissonner.
Elle se rendit sur les bords du ruisseau qui coulait dans le jardin et se fit donner un plein seau de goujons. Durant la nuit, alors que son époux dormait, la princesse retira les couvertures et versa sur lui l’eau et les goujons, si bien que les petits poissons frétillaient tout autour de lui. Il s’éveilla et cria :
– Ah ! comme je frissonne, chère femme ! »

En attendant,11h 40 ! me préparer pour le déjeuner Poursuivre aux Gobelins.
Et redire à Colette : parle-moi de ta vie en 39-45.
Déjeuner aux Gobelins : Françoise Nocquet aussi, 90 ans, se souvient des années 39-45.

Marianne M aux urgences, gros souci de santé, calcul à la vésicule et peut-être pire.
Ses amies sur Facebook : « Plein de pensées positives !!!! Plein d’ondes positives de notre part ! » Je me demande si ce n’est pas la façon contemporaine de dire : « Je prie pour toi » ?

Le 8 septembre
« À propos du nouveau lévothyrox, une info :
Le protocole préconisé c’était dosage de TSH au bout de 6 à 8 semaines après introduction de la nouvelle molécule et adaptation de posologie. »

Gilles aurait eu 80 ans aujourd’hui.
Sur FB, Clémence : on aurait fait la fête.

Je sors de mon rendez-vous pré-opératoire à l’IMM, avec un calendrier précis. Vive les secrétaires ! car les médecins, eux : bouche cousue, tu n’es qu’un organe, une viande (un peu avariée, puisque tu es là.).

Idée de prendre en photo toutes mes lunettes démantibulées avec la légende :
« Oculiste : une profession de jean-foutre ?? »

Mémoires d’OutreTombe : un portrait exceptionnel de Danton.

FB: Clara a un petit chat.
Petite chatte.
Qui ressemble diablement à celui de la cour avec lequel je vais parfois jouer, converser, toucher l’enfance.

Fred au café. Bocks de bière Leffe.
Sa souffrance. « J’ai encore grossi…S’abonner à un programme de repas lyophilisés à domicile… Ne plus boire une goutte d’alcool… Voir son fils et son petit-fils dans la maison de Bretagne sans se heurter à Marie-Lô… » Etc.

Samedi 9 septembre 2017
La simplicité de Victor Hugo :
« Je suis là, j’ai deux chaises dans ma chambre, un lit de bois, un tas de papiers sur ma table, l’éternel frisson du vent dans ma vitre, et quatre fleurs dans mon jardin que vient becqueter la poule de Catherine pendant que Chougna, ma chienne, fouille l’herbe et cherche des taupes. Je vis, je suis, je contemple. » Victor Hugo, en 1854 (pendant son exil à Jersey)
La fulgurance de Chateaubriand :
« La terre et le ciel ne m’étaient plus rien ; j’oubliais surtout le dernier : mais si je ne lui adressais plus mes vœux, il écoutait la voix de ma secrète misère : car je souffrais, et les souffrances prient. »

Au lieu de déjeuner relire RECUEIL L’heure est là tous les jours ok. Shootée. Pourquoi j’en fais rien ? À qui l’envoyer ? Le faire lire ?? Idées : Shé shé.Joc. Juliette… imprimer, faire un album, envoyer.
L’imprimante remarche et j’ai pu éditer mon billet de train, mais je ne le dirai pas à Fred qui doit m’imprimer le dit billet et le déposer lundi dans ma boîte après avoir vu le Dr Roullier pour lui demander si c’est une bonne idée les repas lyophilisés congelés livrés à domicile une fois par mois ? JE NE LUI DIRAI PAS CAR S’IL FAIT QUELQUE CHOSE POUR M’AIDER IL M’AIMERA MIEUX.
Résolutions (sérieuses) : imprimer L’heure est là tous les jours.

Aphorisme apocryphe :
« Comme le dit si bien Cioran, si vous ne lisez pas Victor Hugo et Chateaubriand, vous resterez des nains. »

Je me rappelle lorsque j’étais enfant nous entendions parler de pièces de bœuf qui s’appelaient des chateaubriands.
« Un chateaubriand (ou châteaubriant) est une pièce de viande de bœuf taillée dans le filet d’une épaisseur variant de deux à quatre centimètres (en dessous, c’est un tournedos, au-dessus, c’est un rôti de filet) ».

De Cioran :
« Quel dommage que, pour aller à Dieu, il faille passer par la foi !»
« La solitude n’apprend pas à être seul, mais le seul.»
« À quoi la musique fait appel en nous, il est difficile de le savoir. Ce qui est certain, c’est qu’elle touche une zone si profonde que la folie elle-même n’y saurait pénétrer. »
« Ce n’est pas la peur d’entreprendre, c’est la peur de réussir, qui explique plus d’un échec.» De l’inconvénient d’être né

Parenthèse perso : je suis frappée par le fait que toutes les premières fois – être ici, hic et nunc – sont aussi des dernières fois – mettons cela au singulier, toute première fois est aussi une dernière fois. Cela me donne à penser sur le temps, c’est quoi le temps ? La chose, l’instance, où le premier et le dernier événement coïncident ?

11 septembre 2017
Métamorphose, c’est bien le mot
que je relis. Relie. Relà.
Mot tire lire.
Métamorphose
Et puis oui, j’ose.
Il serait tant. Le temps t’attend.
Tête le temps
tâte le pouls
Tâte le temps
guette le Tout
il serait tant.
Gratte l’époux.
Quelqu’un t’attend ?
Non, moi je tends
les bras vers vous.
Ça fait longtemps ?
Tantirelire
Tantirelà.
Ah mon beau château.

Fred appelle. En revenant de chez son médecin, me donner le billet (très doux ???) de train imprimé, merci papa, et aller au cinéma, voir un film, Barbara.
Le cinéma Les Fauvettes ne fait plus dans le vieux film. Cela n’a pas marché.
En sortant du film : embrouillé, prétentieux, décevant… Ou bien c’est moi qui ne comprends plus rien au langage, à la grammaire cinématographique d’aujourd’hui – possible.
Dans le film, apparition de la bouille de Pierre Michon, qui parachève mon trouble: qu’est-ce qu’il fait là ? il a été mêlé à la vie de Barbara ?? … Je suis duraille à comprendre qu’il fait l’acteur, joue le rôle d’un certain Tournier, « Michel Tournier ! » lance Fred, « non ! un autre prénom !! je ne me rappelle plus lequel.»
Restaurant japonais avenue des Gobelins. Fred insiste pour payer.
Le soir un SMS : il a oublié de me donner le billet de train qu’il a imprimé pour moi.
Et moi oublié de le lui demander.

Mardi 12 septembre 2017
Tous les matins, j’interroge ma fenêtre
que me racontes-tu, cher être ?
cher ailleurs ? clair dehors ? es-tu
ferrailleur ? Orpailleur ? Moi, à 9 heures, je dors
encore un petit peu ; le géranium
rose a fleuri pendant la nuit deux têtes
la radio est en grève ; l’ampélopsis balance
ses hampes au vent ; RFI dit :
ce matin sur Paris,
très peu de pollution. Le vent souffle. J’attends
oui j’attends l’employé qui doit venir changer
mon compteur à gaz au fond du couloir
pour un bazar électronique
et à cause de lui, de son passage, je loupe
mon deuxième cours de gymnastique
rue du Moulin Vert à Paris… Cependant, j’en profite
pour bâcler un second poème par jour.
Toujours cela de pris. – À qui ?
– À l’inertie, la paralysie. À l’envie
de rater sa vie, ce délice. – Maintenant, ça suffit. Bois !
Ton Nescafé va être froid.

Un poème par jour ? Offre-moi
un coupe-chou pour raser la prose.
L’inspiration, la grâce ? Il faudrait boire !
Il faudrait se droguer ! Je ne peux, je ne sais, cette ivresse
que certains trouvent en faisant du jogging
euphorie, disent-ils ! effort, souffrance et volupté mêlés,
oui, je les vois courir, ces dératés, à la recherche de la grâce –
et peut-être même de la grâce janséniste
partout laïcisée –, au parc Montsouris, dans ma rue, regarde-les qui courent,
et dans le square René Le Gall niché dans le 13e arrondissement, ce havre
dont parle si bien Eric Hazan – quand je lis cet auteur, quelque chose se passe
comme si j’attrapais la queue de la grâce – je t’envoie mon hommage
mais où te l’envoyer ?? Cher chirurgien de mes lourdeurs du soir !
Ta traversée de Paris m’a traversée de part en part
puisque j’habite ces quartiers. Mais une fois de plus je dérive,
je me perds, je m’égare – je ne tiens pas mon cap… Je voulais seulement dire :
« l’ivresse que certains trouvent en faisant du jogging ?
Pas pour moi : mal au dos ! », quand quelqu’un méchamment me coupe le sifflet.
« Mais c’est toi, qui te coupes sans cesse le sifflet ! » me susurre cet intrus.
Et ce quelqu’un ajoute : « Je t’en prie, tiens la barre.
Car c’est cela, la grâce. »
J’attends donc pesamment l’employé de Gazpar, va-t-il pouvoir accéder à ma rue avec les encombrements dus à la journée de manifestation monstre (?) contre la loi travail ?

Dans Notre Temps :
…nécessité de faire vérifier le dosage de son traitement.  « Cette hormone, si elle est prescrite  à dose adéquate, ne pourra qu’être utile et efficace. En revanche, si elle est en surdosage ou en sous-dosage les patients ressentiront des effets d’hyperthyroïdie ou d’hypothyroïdie. Il faudra donc corriger le dosage et les symptômes rentreront dans l’ordre ». 

Dimanche 1er octobre 2017
Temps gris, humide. Émission protestante : Jésus marche sur l’eau. Petite fureur interne de ces histoires à dormir debout, mais j’interromps avant que la pasteure (pastrice ?) ait tiré du récit sa substantifique signification.

Exploration maniaque de mon facebook, toujours à la recherche de traces indiquant, prouvant, que j’existe pour les autres – quelques autres – donc tout court. Clara, Marianne et Karin aiment mon reportage sur Montreuil, promenade vers la rue Saint-Just pour vernissage de la Graffiterie.

…Tiens, qu’est ceci ?
Passants considérables : j’aime cette expression.
Passez, vous que je considère !
Astres blottis dans le fond des syllabes
dans le recoin des pas perdus et sous le chapiteau des gares
(dans le pinceau des phares)
grands égarés grands retrouvés
retrouveurs d’heures
retrouvez je vous en supplie mes heures
car je les ai perdues
avec leur livre de splendeur
j’ai vécu parmi elles et je les ai goûtées
mais pas comme elles le méritaient
j’étais une passoire
les minutes ruisselaient
aujourd’hui c’est dimanche
déjà dix heures trente-six
la prière a fait sa valise
d’escampette en esperluette
la prière glisse à toute allure
sur le grand toboggan des choses
les heures passeuses
les repasseuses
les heures passantes
marcheuses
passe, passera
la repasseuse

Écrire un Je ne me souviens pas.

Bonjour :
J’ai peu de temps pour vous proposer un texte, un support de réflexion ou de méditation, je vais donc me contenter de vous adresser des notes prises lors d’une de mes dernières rencontres à cœur ouvert avec un écrit, un auteur – disons « un passant considérable » – en l’occurrence il s’agit de Pierre Michon, auteur entre autres de Vies minuscules.
Pourquoi pas un texte plus religieux, plus directement « manuel ou conseils en matière de pratique spirituelle » (genre Frédéric Lenoir, François Cheng…) ?
Hasard d’une rencontre, sans doute, d’une sorte de promenade-flânerie, et de mon intérêt assez violent (vif) pour la littérature (« lis tes ratures », disait-on en riant).
Ou bien ceci, de Samuel Becket, qui, chaque fois que je tombe dessus (quel croche-pied !), me fait rendre grâce au Seigneur d’avoir permis que Beckett existe : « N’importe. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. »

ORDRE DU JOUR
Nous procéderons à trois petits tours de table (avec bâton de parole svp) : ici je reprends ce qui a été proposé dans un des ateliers auxquels j’ai participé aux JEM17 d’Houffalize (par Gauthier Chapel peut-être).
1.Qu’est-ce qui vous a frappé dans ce texte ?
2.Qu’est-ce qui vous touché dans ce texte ?
(en bien comme en mal,on peut être touché aussi par l’exaspération,le refus,etc.)
3.Tour de table où chacun décrira (évoquera) un moment où il s’est ressenti vraiment vivant – ou, comme il ne faut rien exagérer, un peu plus vivant que d’ordinaire, bref, un peu vivant. (Décrire de préférence une expérience concrète, circonscrite et datée, éviter les généralités… si possible.)

1er octobre 2017
PRÉCIEUSEMENT DANS MA BIBLIOTHÈQUE

Oh là là ! Tout ceci !
tout cela à connaître
à naître avec tout ça, renaître, ou bienfaisante pour la première
printanière moisson printanière foison
la première la dernière, à bien faire,
c’est tout un
le pactole et la profusion
la fortune
les murs sont tapissés
de la première envie de vivre
comme c’est fatigant
de connaître et jouir
et d’embrasser le livre

Lundi 2 octobre
Une femme désintéressée.

« Bonjour madame
« Bonjour madame je vous écoute
– Je suis l’assistante de (nom inaudible)
Je vous informe que
vous avez gagné un cadeau
de mille euros
– Au revoir madame. Je ne suis pas
du tout
intéressée

Chez moi, tout est violent.
Le désir d’aimer, le désir d’être aimée.
L’envie de pleurer. Ne pas y arriver. Le mutisme.
Les mots qui s’étranglent, et ceux qui se bousculent.
Les peurs. Les terreurs. Les élans.
Les curiosités. Les bons sentiments.
Le hic : être violent, ça ne marche pas.

Aux membre du petit groupe Rive gauche de poursuivre :
vous savez sans doute que je suis sur le bord de partir de votre groupe ?…
c’est pour cela, sans doute, que j’y suis vraiment.
« Encore un moment… »

3 octobre 2017
À UN GROUPUSCULE
Je vais quitter l’écran. M’éclipser, je le sens, de l’exploration assoiffée, incomplète, sur le web, à laquelle je me livre depuis un long moment –
exactement comme lorsqu’on lit un livre –
de ce que font les autres. Site Poezibao. Je vais fermer la porte. Je me suis égarée.
Avalée par ce monde enchanté
où personne n’est moi, et où je voudrais bien
sur la pointe des pieds, ou bien en rugissant, entrer. Un peu !
Un peu seulement ! Ou bien je mens ? Je voudrais
être dans le coup ? J’aurais pu. Mais je n’ai pas su.
Peut-être pas voulu ? Qui sait ? Aujourd’hui, j’ai vieilli
je fais un peu partie
d’un petit groupe ami – bienveillant, altruiste,
du moins dans ses statuts. Mais à nul cénacle je ne sais
pieds et poings adhérer, coller à 100 pour cent – et je vais leur dire un petit quelque chose
comme me l’a dit, pas plus tard qu’hier soir, une très petite voix
surgie d’une marche à pied, d’une promenade scandée par les routes et les choses
à coups de nécessité d’être là, dans mon corps, pas ailleurs – filaments, écheveaux,
grands chevaux respirables, nuages, vapeurs d’eau,
élancements, chaleurs, mal au dos, joyeux balancements –
(mais même dans ce corps, mes amis, sachez-le,
je ne me sens pas à 100 pour cent plongée dans ma demeure.)

Je reprends ma tirade. Quand je vais vous voir, amis,
la semaine prochaine, je vais vous déclarer : « Je suis
mes très chers sachez-le sur le bord de partir,
m’éclipser, me tirer, car je ne
me sens pas très entrée dans ce groupe,
j’y aime quelques personnes, c’est tout, et j’ai besoin de vous
pour ne pas sombrer dans le soliloque, mais ne suis pas trop trop douée (suis épouvantée)
pour (par) les appartenances, les associations et les militances.

Soudain, petit éclair : « … Maintenant que j’y pense –
bon sang, mais c’est bien sûr ! —
c’est tout à fait ainsi, amis, mes chers amis, qu’Allah est grand ! »

« Allah, que veux-tu dire? – Eh bien, le réel, le social (Allah, le très haut le transcendant n’est-ce pas, c’est le réel, le social, le groupal – le lien le ciment la cordée l’union qui fait la force
la participation à la vie des espèces
la rencontre l’amitié l’inattendu le décevant
le fragile le futile le précieux l’ordinaire : la vie avec autrui)
« – il n’est grand (ne vous tient au corps) cet endroit ce lieu-dit cette place parvis rond point carrefour place-forte hôtel-dieu (groupe cartel ensemble société collage assemblage communauté ensemble compagnonnage engagement rapprochement accointance) mes amis que d’être si près qu’on le quitte
il n’est attirant mes amis que si propice à être abandonné, plaqué
délaissé, ou trahi – lequel choisir
des ces doux participes ? Une petite part et puis c’est tout
une part, ça me suffit. Un tour
et puis m’en vas. M’en vas ou m’en vas pas ?

Je me sens osciller. J’ai la main posée sur la poignée de porte
Dans la poignée de main, dit-on au revoir ou bonjour ?
Ou les deux à la fois ? Et qui va décider ?
Ô cher décevant petit groupe
je tiens à vous, tant je suis sur le bord, en bordure, c’est-à-dire en mon lieu,
c’est là que je me tiens, sur le bord,
sur le bord de partir, le bord de dire adieu
à toutes vos façons de vous croire au milieu
Cependant, que ferais-je si je vous perdais ?
J’appréhende.
Désolée, je m’égare – c’est ma spécialité.

PS J’ai employé deux fois le verbe s’éclipser. Il me fait sursauter.
Va donc voir, chère amie, de plus près
sinon quelques figures, visages veux-je dire –
vrais visages, c’est sûr, mais mes yeux
ont tant de mal à voir – et c’est si fatigant de percevoir
ce que vos yeux ont vu.
ce matin je me chatouillais
la pulpe des huit doigts restants avec les deux pouces palpeurs et je
m’émerveillais – admirez la césure – de tant de sensiblerie colorée
sensations irisées, chatoyantes, et différenciées, au bout
de chacun de mes huit petits doigts
et si différenciée selon que je captais
non caressais non explorais la main droite ou la gauche
Résidu à réutiliser (pas de déchets !! ne jetez rien ! récupérer vos débris ! faites-vous en de beaux restes, de jolies loques
non, je n’ai pas dit soliloque
je deviens sourde et mes oreilles bourdonnent
de tous ces mots que je n’ai pas trop dits
pas placés, jamais dits ou trop dits (pas maudits, tout de même)
allons-y ! – Où ?
immergée, comme on dit aujourd’hui, avez-vous remarqué le nouvel usage du vocable immersion ? je ne le suis plus guère
même dans le sommeil – l’insomnie guette – peut-être dans la nuit
si facile à snober – il suffit après tout de fermer les paupières,
salut, ô nuit, je ne t’aurai pas vue
ô ni vue ni connue, ô Nuit si peu noire à Paris !

4 octobre 2017
Que de choses dans la vie !! Petites chaises, chats, gratterons, fleurs bleues : à célébrer !
Tout célébrer !!
je te célèbre ô jeune instant présent posé sur mes genoux
comme un chat qu’on caresse
je te fais jouer et je te fais courir
il est bon que l’instant s’étire, saute, et se fasse les muscles
et qu’il obéisse au vieux chef d’orchestre
qui est aussi un apprenti poète
mais aussi, je remarque
qu’écrire et tapoter ce clavier indocile
met l’apprenti poète en légère surexcitation
phase et phrases maniaques
comme on disait jadis
tout célébrer y compris
les instants de presque folie
les instants alcoolisés
entr’actes
où l’on s’enivre
de quoi je vous le demande
de ne pas pouvoir s’arrêter
pas pouvoir s’arrêter de désirer
de tripatouiller de brasser
de malaxer l’envie de vivre
l’envie de tout l’envie de près de loin l’envie de presque rien
l’envie de répéter l’envie de nouveauté
et que ça sorte! et que ça saute !

Le vieux poète saute comme un jeune chat saute
après une brindille
il essaie d’attraper quelque chose au vol
est-ce que dans le cerveau ça crépite
comme on tire à la mitraillette ??

Jeudi 5 octobre
Est-ce que je perds mon temps ma salive et mon énergie à arpenter facebook comme une malade, à balayer du faisceau de mes yeux myopes et cataracteux toutes ces petites fenêtres, ces lumignons lointains que constituent les apparitions des gentilles pulsions égotistes, militantes ou gratuites de mes Zamis FB ? – mais pas tout à fait hors d’atteinte? Foin de préciosités ridicules je tombe en arrêt devant les dessins de Béa Boubé et des textes étonnants qui s’y greffent.
Et je me dis très bête et très vraie, pour une fois : faire comme elle.
Un modèle.
Bonheur d’avoir un modèle ? Une entraîneuse.
Je note son expo, vernissage et tout et tout, avec une consœur.
(C’est bien quand même les gens plus jeunes !!
Au fait joindre Joc. Il y va ? Il y va quand ??)
Car demain reprise à Daviel de l’atelier modèle vivant chez Laurent G, et j’ai peur, archipeur d’y être tirée vers le bas, le banal, le médiocre – est-ce pour ça que je m’y suis inscrite ? par paresse ? – et ce après en avoir eu ma dose l’an dernier de tant de stimulations empilées, frustrantes, irritantes, et par là même hyper enthousiasmantes ? On me demande d’en faire trop ?? C’est tout moi !! quant à la frustration n’est-ce pas c’est propre à l’humain n’est-ce point?? Cligner des yeux battre des cils à toute vitesse s’il vous plaît et toiser l’assistance de vieillards avec une apitoyée stupéfaction, quoi, vous voulez vivre sans frustrations ? mais de quelle planète sortez-vous ? De quel monde ? etc.

Hier traînant mon chariot de marché je croise – douleur ? – Catherine aux cheveux gris et qui faisait de si belles choses hardies à Glacière l’an dernier.
Exclue de Glacière ? fait mon temps ?
Mais a-t-on jamais fait son temps ??
Hier aussi frappée par la réunion OldUp, le thème était fracassant de tristesse, est-ce que je suis encore important(e), à qui, à quoi j’importe encore, de moi qu’est-ce qui va rester etc.
Nancy DLP ne dit mot du fait qu’elle sculpte et peint – donc produit. Je lui pose la question sotto voce : mais toi, tu produis !! et j’incline discrètement le chef, son beau profil à côté du mien.
De l’autre côté des yeux bleus très rieurs, une petite naine un peu difforme, ce rire si vivant, cet éclat bleu, ce courant électrique qui passe comme un sourire ou une connivence, des cheveux blancs qui ont l’air blond – je la retrouve ensuite dans le magasin Bio qui jouxte la maison des associations de la rue Saint-André-des Arts.

Le soir dans la cour, joujou avec les deux chats.
Le jeune s’attaque à mon sac rempli de l’odeur excitante du Cantal bio que j’ai acheté. Je le fais jouer avec une brindille et j’arrache en passant les pousses touffues de jeunes gratterons gaillets que je viens de repérer dans la jardinière à plombages bleu roi.

Un joli mot pour la prochaine réunion des vendredis d’Old Up où je ne serai pas, puisque désormais je serai au modèle vivant : « Il ne faut pas avoir la crainte de mourir, mais celle de ne pas vivre. »

Au bas de l’escalier ou bien sur le palier – ah, paliers, couloirs ! Endroits où se glisse la drôle, l’ombre propice, la grisaille favorite des douces expressions des petits vrais désirs ! (faire un poème), je redis un peu sotto voce à Françoise l’idée, le vœu, d’une petite réunion où nos aînées (écrit : aimées), elle, Colette, raconteraient à nous, qui étions là mais simples bébés inconscients, les années 39-45 telles qu’elles les ont vécues.
Françoise : « Je crains d’être intarissable ».
Jolie parole d’espoir et de fierté : je suis intarissable
en moi il y a de l’intarissable
De plus en plus envie de faire une séance ou deux « je me souviens »..

« J’ai un an de moins que Colette ».
Donc, 92 ans.
Je crois comprendre que Colette n’a pas eu vent du déjeuner chez Françoise. En effet, elle m’a dit qu’elle a tant de soucis, de papiers, de démarches et autres choses à faire, qu’elle n’a plus le loisir d’ouvrir son ordinateur.
Dommage que Françoise – ou moi ??? – ne lui ait pas téléphoné.

Le soir, pensée survenue dans la cuisine et un grain de riz tiède :
« voici pourquoi la philosophie, c’est le bonheur : c’est le droit de s’intéresser à Dieu sans passer par la foi.
Je vais dire quelque chose de très vulgaire :
Le bonheur : me taper Dieu sans avoir la foi.

Revenir sur les trois capacités négatives, et trouver le mot simple : avec les situations lourdes, négatives, comment s’arranger ? Faut-il les supporter, les gérer, les apprécier, les valoriser ? Tout simplement « faire avec » ??
Faire « ami-ami ? »
Être encombrant être perdu être impuissant…
Ma voisine blonde, Élisabeth, a noté l’auteur, sous ma dictée : Adam Philips. Ou Phillips ??
Allons, retour dans la cuisine. Quel penser va me choir dans la cuillerée de yaourt grec au miel de fleurs ??

mercredi11 octobre 2017
Je relis mes notes de samedi, grand désordre chevelu où je vais à la pêche
aux fragments
« O joie vengeresse
Tonitruante sortie de soi
le rire est bon à prendre
mais si je me jette en avant
qui m’ouvrira la mer ? »
Je ne sais pas si ça fait sens.

Plus loin : « doter l’inquiétude de vertus ».
En correspondance avec les trois capacités négatives (que j’appellerai plutôt des aptitudes positives à faire avec les situations où l’on se sent encombrant (en trop), perdu et impuissant
(J’écris « faire avec » parce que gérer, traiter, assumer, c’est un vocabulaire un peu trop psycho-gestionnaire : gérer sa peur, gérer son angoisse,etc.
Il s’agit en fait dans ces trois situations de passages où l’on perd la maîtrise – et en réalité d’angoisses.
« Doter ses angoisses de vertus positives »
Me semble que dans un numéro de Dialogue quelqu’un comme Racamier disait que l’être humain avaiyt trois choses à gérer – l’angoisse au premier chef.
Si je recherchais ce numéro ?
C’étaient les actes d’un colloque.

Coup de sonnette, la poste, une lettre mal affranchie, Colmar, 2 euros 41 : la chère Christiane qui m’envoie les 48 euros que je lui ai demandés par mail ?
Je peste et me souviens.
Jeudi chez Françoise, Anne-Marie : Marie-Noëlle avait la chance d’avoir une chambre seule. »
Outrée je rectifie : « La chance ? Non ! Je l’avais payée. »
Petit soupçon que ma chère Anne-Marie est à ses moments perdus une petite manipulatrice – un bémol aussitôt, qui ne l’est ? Peu ou prou ?
Cela doit être bien tentant de manipuler les gros naïfs dans mon genre – ça doit se sentir à plein nez que je suis un gogo – une gogote !!
Gogote !! quel beau titre de vie !
De gloire !

Je me rappelle ! La première nuit avec Anne-Marie à Houffalize, le violent sentiment que j’ai eu de m’être fait expulser de ma chambre – voler ma chambre seule par ces deux complices, commère et compagnie, je me souviens qu’une fois ou l’autre Anne-Marie me disant je ne peux pas partager la chambre avec toi car je suis avec Christiane.
Me laissant bien entendre que Christiane a la priorité.
La pauvre Christiane? Qui a du mal à marcher ?? et qu’il faut protéger ??
Ah ah !!

Je me souviens dans la salle à manger d’Houffalize après qu’elle m’a avancé 50 euros en liquide car ici, en Belgique,ils ne prennent pas de chèques – elle revient et s’agenouille devant moi, oui, elle s’agenouille, et ses yeux écarquillés, brillants, charmeurs, oh combien, je vais te demander quelque chose de très … de très…? eh bien, what ? j’ai oublié l’adjectif : quelque chose de très quoi, un service très quoi donc ? Adjectifs, mes très chers ,venez, rescousse !! et moi, si lente à piger ! Voulant surtout faire figure de ce que je ne suis pas vraiment, une gentille, serviable, adorable personne – mais qui m’adore ?? Personne !!
Elle les dardait sur moi comme des phares,ses yeux exorbités, brillants, entourés de petits plissements – elle me priait à deux genoux, comme si j’étais un dieu ?
Ah dieu, sacrifie-toi, puisque les dieux sont faits pour ça !!
Et je l’ai fait.
(Quelle belle personne je suis !)

Une fois la chambre ouverte la grosse Christiane aux yeux durs me dit je vais te rembourser ma part et moi, grandiose, écoute, je ne me rappelle plus trop combien j’ai l’ai payée la chambre seule, laisse tomber… Je m’admire au passage – non, je ne m’admire pas – ça c’est le faux-self qui fait rage – , je soupire in petto : oui, je suis la reine des pommes, oui, je suis la bonne poire, et cela m’humilie, mais pour cette somme, cet événement mineur… pas grave.
Fin du séjour, temps de rendre les clés, couloir, je la croise, un coup de bol ! lui demande au passage « tu as bien rendu les deux clés, je ne voudrais pas avoir d’ennuis », elle dit oui, ajoute « au fait je voudrais te rembourser etc. », est-ce façon de parler, faire semblant, escompter que je dise à nouveau d’un ton sublime et généreux : laisse tomber ?
Mes nuits inconfortables avec Anne-Marie qui ronflote ayant laissé des traces, je saute sur c’est d’accord, je ne me rappelle plus, mais je vais regarder chez moi combien j’ai payé de supplément pour la chambre, elle enchaîne « tu diras à Anne-Marie, elle me communiquera… » affaire conclue sauf que je me dis bizarre, de passer par le truchement d’Anne-Marie, elle n’a pas une adresse, un mail, que ça se passe en direct entre nous ?

Maintenant, chez Françoise B je lance à Anne-Marie dans l’entrée : mais au fait, Christiane, elle ne m’a rien demandé : C’était toi,la demandeuse ! »
Elle rit et rectifie, si, elle était demandeuse, mais elle n’a pas osé te demander en face etc.
Pas en face ?? Ô, manipulatrices !
Hou là là, sortons de là.

Et me voilà qui rumine: une autre fois je demanderai à Agnés qui trouve que mon texte sur Michon n’a aucun intérêt, n’est que littérature et caca d’intello : « Est-ce que tu te rends compte de ce que ça me fait lorsque tu me dis ça ?? »… Moi ce texte me fait vibrer, et ça m’a pris du temps, de l’énergie, de vous le communiquer, de bâtir un ordre du jour, etc.

Vendredi 13 octobre 2017
Atelier modèle vivant Daviel, quelle régression par rapport à Glacière,je ne fais que des merdes, des banalités, des mochetés.
Mais une très belle surprise, ma conversation avec Sophie la blonde.
« Toi aussi tu t’es interrompue… tu reviens seulement cette année ?
– oui, la réouverture… c’est près de chez moi…
– Moi pareil, pas envie d’aller loin… »
J’apprends au passage qu’elle est juge administratif (ques aco??) et ne sais comment j’en viens à lui parler de mon amie de 93 ans (Colette), elle aussi a une voisine de cet âge, leur faire raconter leur jeunesse, leur adolescence, nous nous tombons dans les bras, même expérience !
Je lui confie mes amorces de contact avec les Petits Frères des Pauvres – je n’ai pas donné suite, et je me sens coupable –, elle me dit moi ça m’intéresse :
Lui envoyer tuyaux – ne pas perdre son adresse mail !
(zut où est passé ce carnet noir??)

À propos du thème assez peu inspirant pour moi du prochain groupe de parole « le sens de ma vie » sur « ma responsabilité » (pouaahh ! ), songer à cette idée d’un groupuscule de récit de vie, les Plus de 90 ans racontent aux Moins de 80 ans leur jeunesse sous l’Occupation, mettre ça en pratique, trouver un jour, une méthode, quel boulot !!
(Cf échange de plaisanteries avec Rémy sur le langage actuel, il dit « …. opérationnelle », j’essaie de traduire en vieille langue, efficacité, réalisation, mise en œuvre ??

(VIEILLE LANGUE, beau titre,non ??)
(Tiens je cherche des titres ??)

Samedi 14 octobre 2017
Déjeuner au soleil avec Joc et Amélie-en-prime au petit restaurant turc qui fait l’angle de la place de l’église et de la rue de Romainville.
Moussaka végétarienne très quelconque. Passage éclair de Rémy : « Je viens déjeuner avec toi… cette semaine, ou la prochaine ? » Je dis « pas le vendredi ». Brode au passage que cet atelier de dessin beaucoup moins bien que les Beaux-Arts de la Ville, finalement, on est peu nombreux,on a é été prendre un pot après le cours, c’était très sympa.
J’en profite pour lui annoncer que je compte sur lui pour venir me chercher à Montsouris vers 10 heures le vendredi 27 Novembre.

Autre souci (j’en ai marre, des soucis), l’infiltration d’eau dans le plafond de mes toilettes, qui semble beaucoup plus fraîche et récente que l’inondation de l’été dernier. Pourquoi je n’arrive pas à demander à Christel de vérifier qu’il n’y a pas une fuite d’eau dans sa salle de bains ?
Et pourquoi je n’ai même pas eu l’idée de téléphoner à mon assureur aviva pour lui demander la marche à suivre ?

Dans les bonnes nouvelles, la visite de la maison ouverte, dans le cadre des ateliers de Montreuil portes ouvertes.
Les beaux nus de Béa Boubé, m’en bouchent un coin, me font baver d’envie – de jalousie ?? Difficile, l’admiration ! Je lui dis, et elle sent bien que c’est vrai, que j’aime énormément son travail, qu’il me parle.
« Je vais essayer de t’imiter ».
Elle proteste, je poursuis : « Tu sais, imiter,ce n’est pas dangereux, car on n’y arrive pas – on essaie, on échoue, et du coup on fait autre chose : on invente. »
Je tente de lui sortir la devise « rater mieux » de Lisa Dehove, mais n’arrive pas à retrouver ce nom propre, juste, in extremis, celui de Samuel Beckett – ouff ! – « continuer, rater encore,rater mieux ».
De plus en plus de mal à retrouver les noms propres !
Sa gentillesse, son militantisme – contre les expulsions de Roms, notamment.

« Je peux prendre en photo ?
Elle dit oui.
Au moment du départ :
« Un cadeau pour toi. »
Un des nus magnifiques que j’ai photographiés, roulé, deux élastiques.

Lundi soir
ça ne s’appelle plus les discussions du soir mais matière à penser.
Aïe !
On a viré malproprement paraît-il Leili Anvar et ses éclairages éclairés sur la spiritualité dans le monde.
Pas bienvenue la spiritualité du vaste monde ?
Leili Anvar avait une voix si agréable.
Leili Anvar a une voix agréable.
Moi je suis une vieille dame. Je discute avec ma radio.
Ce soir Frédéric Worms reçois un certain Paul Audi (?) dont les propos me font des propositions.
Propose-moi quelque chose, Paul Audi, je suis à l’écoute !
Je vais aller voir sur France-culture plus de précisions car je dormais, un peu, ou du moins essayais.
J’avais le nez bouché la gorge enchifrenée
la posture allongée me gênait

samedi 28 octobre
usages de l’huile d’olive
enlever la peinture du corps
cirer les meubles
graisser les gonds
nettoyer les outils
donner aux chats
démaquiller les yeux
hydrater la peau du visage
instiller chaude dans les oreilles pour dissoudre cerumen

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