La rue Boussingault est agréable la nuit.
On entend sur la gauche l’autobus et son bruit.
Soudain au-dessous de moi fuse la voix
Aux saveurs de fruit aigre, jeune et vieille à la fois,
De ma voisine du dessous.
Voisine du dessous ?
C’est la vieille dame qui va bientôt mourir,
mais elle ne le sait pas, elle ne veut pas en entendre parler,
et sa main leste referme le volet.
Des voix résonnent entre façades et pavés.
Des notes claires, des accents sourds,
c’est le bruit de la cour,
et je me sens dans un lieu habité.
Pourquoi, ce soir, ai-je ouvert la fenêtre ?
Évacuer les fumées ? Non, Philippe a téléphoné.
Il passe, m’a-t-il dit, boire un verre. Pauvre âme,
je n’ai chez moi que de la tisane.
À t’offrir je n’ai rien, qu’un bouquet de verveine.
J’ai ouvert la fenêtre. Je m’accoude et rêvasse.
Sous moi s’élève une voix, douce
et acide à la fois.
Aigrelette et brisée.