Je suis le matin gris.
Dans la rosée qui dort
Nul élan nul essor
Nulle voile à mon bord
aucun moteur hors-bord
et c‘est à petit bruit
incolore inodore
que je sors de mon puits
Matin de rêverie
Potée de pensées bleues
Vitres un peu salies
Je lèche les rebords
D’une fenêtre au nord
Mais quel remue-ménage
En bas soudain frémit ?
Dans le lierre un cordage
Agite le feuillage
Un homme dans la cour
En veste de velours
Mesure un pan de nuit
Qui s’est pris dans le mur
Comme un merle meurtri.
Femme un peu vitrifiée
sirotant son café
Petit pan de murmure
Tulipe qui perdure
Pot de grès qui vieillit
Je suis le matin gris