J’avais treize ans et je n’étais pas belle.
J’avais treize ans. Le monde était ma mère.
Le monde était aimé scruté sondé touché avec violence
grandiose insondable géante
c’était l’adolescence
l’état continu de naissance
qui s’ajustait exactement aux pores
des eaux, des arbres, des collines et des prés
J’étais une entêtée. Je marchais extasiée.
Désœuvrée, absorbée,
respirant le soleil.
Je tenais tête aux paysages
et rien pour moi jamais n’était décourageant
et rien n’était trop grand.
J’avais treize ans et je n’étais pas belle.
J’avais treize ans. Je n’avais pas vraiment de mère.
Je l’ai cherchée dans l’univers.
J’avais treize ans, et la beauté du monde était ma mère.
grandiose insondable géante
c’était l’adolescence
je vivais ma naissance
enfin satisfaisante
dans les herbes ployées
du début de l’été