Quelqu’un que j’ai beaucoup aimé naguère et qui
me le rendait me le rendit
m’accueillait en clignant et glissant « bonjour vous »
et j’adorais ce vous dénué de précision. Hélas au fil des vérités
des demandes des réponses et des sincérités
des refus et des pièges et des malentendus de ce filou de temps
m’ayant cru forte et me découvrant faible, ah, la sotte personne !
(N’aimer que les réussis les vainqueurs et fuir les incompris)
petits pas en arrière et refermées les jambes
en compas qui valsaient avec moi de conserve – aujourd’hui
cet air de s’excuser tout chiffonné lorsque mon corps arrive
nul sourire épanoui nuls bras tendus de l’autre rive
ah, seigneur diable, comment est-ce arrivé ? À quoi ai-je renoncé ?
Devant ses dérobades, je n’ai pas contre-attaqué
et la petitesse un jour a eu le dernier mot
mot de la fin que l’autre ne désirait pas. Préférant de beaucoup se sentir dominé
car qui n’aime se mesurer ?
Or, quand il a compris qu’il s’était bien trompé
que je ne tenais pas le rôle ne jouais pas le jeu cet être
s’est désintéressé de parler avec moi
et s’écartant tout en douceur et politesse il s’est
avec des pincettes épilé de ma conversation
Épousseté de qui j’étais.
Oh, le plumeau de ses sourires !
Me demandant aujourd’hui cependant sans vergogne
ce que je pense de son dernier écrit alors
que mes poèmes essuyèrent de sa part une esquive assez morne
un agacement une exaspération et pas
le moindre encouragement fraternel
– Mais l’amour est-il fraternel ?
Aujourd’hui ce quelqu’un
m’assure avec désinvolture de sa fidèle amitié