I
Ils cherchent leur équilibre
ils cherchent leurs mots
Ils cherchent leurs mouchoirs
Ils cherchent parfois leur tête
Ou bien ai-je pu la fourrer ?
II
Ils sont désordonnés
mes petits personnages
un peu enfantins
un peu grammairiens
un peu génies de la lampe d’Aladin
un peu comme ci, un peu comme ça.
Ils se déhanchent
Savamment démantibulés.
III
Aucun rapport, sinon d’aporie
Aucun lien, sinon de bizarrerie
Aucun accord, sinon de dissonance
Aucune correspondance, sinon de métro
entre mes dessins et mes mots.
On est toujours un chiffre impair.
IV
Rien à voir, non, pas grand-chose
dans ces dessins
Que le passage
obstinément répété
dans un corridor carrelé
d’un bruit de jupon froissé.
V
Ils me racontent des histoires
Mes petits personnages
Mais je n’y comprends rien.
Délicieusement futiles
merveilleusement graciles
que me disent-ils ?
Veulent-ils me distraire
De mes grandes misères ?
Ils sont gais, puérils,
Agités, volubiles
Histoires sans paroles
Sans nulle parabole
Ils font la cabriole
VI
Et moi, pendant ce temps
Je danse et je ne sais
si je marche ou je pense
si je me réunis
ou bien me dissocie,
si je me réjouis,
me dissous ou me perds
et me rattrape au vol,
et dans ce vol plané
me sens vivre ou mourir.
Tout ce que je peux dire
c’est que dans cette histoire
je fais un petit signe
au soleil qui s’ennuie.