L’émiettement, la dispersion, le psychisme labile, et l’écriture pour rassembler, lutter contre la grande fuite au fond de l’évier. Donner forme. Cent pour cent d’accord. Pourtant, une réticence. Ne pas donner tête baissée dans le sauvetage. Pourquoi ne pas plonger un peu dans la dilution fondamentale de notre expérience de nous-mêmes ? La grande chose torrentielle qui nous entraîne dans le décor, l’explorer, l’aller voir. Apercevoir un peu l’autre côté du monde, se gorger de son substrat : ru évanescent, liquide, incertain. Il y a à la base de nous-mêmes une liquéfaction de base, une vérité incontenable et dépressive. On peut en jouir et en être ébloui, malgré les risques de noyade. On peut la mettre en mots, en phrases, mais ne pas trop l’organiser en ordre. La mettre en musique. La chanter. La garder insensée. Garder le désordre.
