À TOUTE ALLURE, COMMENT FONT-ILS ? (2005)

Je marche, et sur le trottoir
Rue de Tolbiac ils me dépassent.
Impression d’être une limace
Ou bien de dériver, au gré
De quelque méandre caché
Des hommes jeunes me dépassent
Ils me sèment, ils sont déjà loin
 
À toute allure, comment font-ils ?
Catapultés droits comme des i
Un fil à plomb centre les plis
De leurs muscles grands couturiers
Rectilignes fendeurs d’espace
Ces fonceurs d’horizon détalent
Ressorts lanceurs d’horizontales
 
Ils fendent en deux tas égaux
l’espace encombrant comme neige
de la rue et de ses passantes.
Cette femme-là qui vacille
va-t-elle dans un de ses écarts
de nymphe ivre d’instants fatals
me barrer le passage ?
 
Elle qui marche si boiteuse
Et tricote des arabesques
De ses deux moitiés inégales
que cherche sa valse en spirale ?
 
Passez, jeune homme si pressé !
Si mon pied vacille incertain
Mal assuré de son terrain
C’est qu’il cherche entre sa semelle
et sa nuageuse cervelle
le chemin de la verticale
 
Que veut la femme ?
Une spirale
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