Les séneçons ? ils sont fauchés,
Les jacobées.
Tu n’entends pas le bruit
Dans la prairie ?
Le moteur du cultivateur ?
Les jacobées ? tu les aimais
Quand ils ployaient faisant des signes
Les séneçons ? Non, tu ne les
Verras plus dans le vent danser
car le berger les a fauchés
Le berger sage et son tracteur
Passent à l’heure
Où le soleil plonge en rougeur
Dans l’eau du cœur.
Les regards à présent s’effeuillent
Les chats redressent les oreilles
La mer joue son piano-bastringue
La marée frappe. Dans le granit
Les filons de quartz tambourinent
Et leur vibration cristalline
Jusqu’au banc de pierre où je suis
de roche en roche se propage
La mer a des bruits de cymbale
L’Océan chante, et les cigales
‑ non, ce sont des grillons ‑ s’enfièvrent.
La nuit, loin de tomber, se lève
Loin de s’endormir, les marmots
À l’appel des mères regimbent.
Mais où court-il ? Au lit ! c’est l’heure !
En moins de deux, l’enfant blond grimpe
Près du berger. J’entends son timbre.
Où sont vos moutons ? ‑ Dans la lande.
Et votre chien ? ‑ Dans la lavande.
Ils se sont tous donné le mot
Au chemin creux, l’avoisinante
Court entortillée dans son châle
Et trace un sillon de fraîcheur
Le vent m’apporte sa clameur :
Berger, qu’a ton enfant mangé ?
Viens avec lui te restaurer
Chez moi sont des poissons grillés
Que mon mari, le beau noceur,
A raflé aux algues mes sœurs.
Qu’a dit le berger ? J’ignore.
Quant à l’enfant blond aux yeux d’or,
Ne serait-ce pas plutôt le mien
Qui court vers moi avec un chien
Et qui ne veut pas de son lit
Mais folâtrer toute la nuit ?