j’aurais dû me lever plus tôt mais on est si bien
à ne pas être encore un vrai Je, à être sans bras ni jambes, à rester un reptile,
à s’écouler dans le délicieusement subtil
on se glisse on s’élongue on se chauffe à sa propre chaleur
on s’enfouit on s’envole on est là où le lourd est léger, on a trouvé l’endroit
le cher endroit secret le mystérieux lieu-temps
où la plume est le plomb, où le frêle feuillage
n’est autre que le bois du tronc
on regarde d’un œil myope son réveil
soudain vous vous apercevez que deux jambes vous ont poussé
elles vous précèdent il faut les suivre
elles sont en train de soulever la couette, puis tournent sur la gauche, vous montrant le chemin qu’il faut prendre
entre le On, le Vous, le Je,
pour vous lever, prendre un nescafé. Vous ruer
sur vos dessins inachevés à parfaire. Oh, vos inaccomplis !
étalés sur la table sur la moquette !
Remarquer le soleil et vous laver les mains
ainsi que vous l’enjoint la voix de la calme radio des matins
« cette année la grippe est arrivée tôt
vous les vieux lavez-vous les mains »