QUAND ON ÉCRIT (2006)

Les voici donc, les mots qu’on a barrés
Du texte précédent !
Tous ces points d’orgue redondants
Ces rots rajoutés ces redites
Gravés de leur satisfecit !
On n’a pas pu les sacrifier
On les a déterrés
 
On désirait qu’entre ces mots bien lourds
siffle l’oiseau du jour. Qu’entre les lignes et les barbelés passe
le vent de l’inaudible comme un petit bonjour.
 
On écrit pour entendre. Uniquement pour ça.
Entendre le mot « là ».
On veut capter une certaine longueur d’onde
un message radio de ce monde,
une présence, une apparition, une épiphanie. On s’irrite.
Rien ne vient. On tourne le bouton en vain.
On s’enlise dans les parasites.
 
On voudrait tant pourtant l’entendre
L’ombre adorée primesautière,
L’Eurydice si particulière
À la voix de novice.
 
Cette Eurydice est de ce monde
Pas la peine de la chercher loin
Mais il y a de la friture
et rien ne vient sinon au grand galop
le vide des grands mots.
 
Quand on écrit c’est donc ainsi
Comptant les pieds cherchant la rime
de la moindre des choses on s’escrime
sur le chétif oiseau sur la moindre des roses
Avec un coupe-chou on l’écime
On l’équeute on la tond c’est un crime
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