De don sans cause nous rêvons
Surgi de l’avenir plutôt
Que par le passé décidé
De don sans trêve nous causons
de cadeaux plus grands que raison
Indécrottable est l’espérance
Nous voulons la munificence
Suffisant, non, rien ne nous suffit
Rien ne nous cause suffisance.
En cet instant je me demande
en rêvassant à ma croisée
ce que me donne le présent
gratis pro deo sans échange
sans troc sans paiement différé
Est-ce que la grâce surabonde
Dans tous les moments creux du monde
bordés d’inattention flottante ?
Je viens y boire à la margelle
De mes bâillements aux corneilles
De mes perplexités qui veillent
Faudrait-il dévider le fil ?
Mais voici venir la merveille
fonçant vers moi tête baissée
Cagoulées d’encre ailerons bleus
deux considérables mésanges
une escarbille à la prunelle
Passage immérité du ciel
Entre l’érable et mon balcon
Le matin m’offre cet envol
Gratuit futile inespéré
Frôlant de sa grâce inutile
Quatre géraniums qui s’étiolent
Oiseau, non, tu n’es pas petit
Ni ton vol plané n’est broutille
Je l’ai vu de mes deux yeux vu
Comme une enfance indestructible
Le duo des deux charbonnières
À peine a frôlé mes paupières –
À peine l’ai-je réfléchi
Que l’éternité fut franchie
Il restait à le célébrer
Perplexité de l’espérance
À quoi bon noircir du papier ?
Ce presque rien, c’est ma vraie vie.
De don sans cause nous rêvons
Surgi de l’avenir plutôt
Que du passé cet embrouillé
Embarbouillé de tant d’années
Insuffisantes
De don sans cause suffisante
moi que la vie a chapitrée
Et qui suis devenue méfiante
Je voudrais être l’espérante
Ah ! Bonjour, alertes mésanges !
