aux anges du chemin, aux esprits qui volettent
j’offre deux lignes très plates, et puis je leur demande
de bien vouloir me souffler la troisième – un peu plus inspirée, s’il vous plaît !
À vous la chute, et le génie ! – Mais pourquoi la chute ? je voudrais
non pas le gadin, mais l’envol. Dieu me fait des croche-pieds.
Arrêtez, vous, les anges, de me faire des pieds de nez !
Pieds, pieds, pieds ! – je vais confectionner un poème pour Shérane,
elle qui croit que les anges
sont des êtres dodus, joufflus, ayant défait leurs langes,
je lui tracerai l’histoire de la figuration de ces messagers purs esprits,
hommes errants, monstres hybrides – terribles khéroubim !! –
aïe, tous ces battements d’ailes m’ont emmêlé la rime
– je lui parle d’ange gardien – elle me renvoie les esprits japonais
cachés très shintoïstement dans les arbres et les jardins,
la nature et la surnature, et soudain magiquement
ils m’apparaissent tels des visions sur l’écran miroitant de son joli smartphone
lui-même petit esprit malin, génie, compagnon de conversation
– parle-moi de ces esprits japonais, ma chérie !
Dont tu m’as montré si charmante la troupe en effigie
(et soudain je pense aux nains de jardin, chez nous, est-ce une résurgence
de quelque mérovingienne croyance ?)
Ton petit téléphone leur ressemble – ou à un ange gadin
– angélos c’est le messager – je suis frappée de la présence
de cet objet entre toi et moi, dans nos conversations
qu’est-il pour toi ? dis-moi ce que veut dire :
cette omniprésence des choses dont nous sommes à distance,
séparés – tu fais clic, les voilà qui surgissent – t’obéissent
comme un autre monde qui rapplique
cet instrument fait-il de notre terre humaine
un autre monde ? Transfiguré, numérisé, magique ??
Pour tout dire, spiritualisé ?
Et soluble dans nos esprits ?
– oui, nous voulons un autre monde !
