LIRE ALBERT LONDRES DANS L’AUTOBUS (2019)

À Paris, dans le bus 28 sous la pluie mêler sa rêverie à des mots d’Albert Londres. Psalmodier Héthéens, Amorrhéens, Phéréziens, Jésubéens, en regardant la tour Eiffel. La vie est un curieux mélange n’est-ce pas ? Au bout de l’avenue de Breteuil, des platanes écartent les bras. Les Invalides bouchent l’horizon. Lord Balfour avait dit […]

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SEULES LES REINES (1990)

Voilà, j’arrive ! c’était hier L’époque où j’employais avec si grande ivresse Métaphores d’exil, de vide, abîme et perte, Même déréliction, oui, je m’identifiais Au souffle de ces mots alors que j’étais pleine De projets et de comblements, entourée De mille admirateurs, sans compter les adorateurs Et accompagnateurs. Maintenant que je suis vraiment tombée dans

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MYOPIE (2006)

Moi que la vie a chapitrée Je veux dire la société Et qui suis devenue méfiante Je voudrais bien que chaque instant me soit immensément donné Et somptueuse la journée Où je n’ai fait que respirer   Mais comment relier ce jour gris Qui à ma fenêtre pépie À la roue de l’immensité À l’univers

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PHOTO DE FAMILLE : COMMUNION SOLENNELLE (1977)

C’était un jour de mensurable été Où la table était mise habillée de chemises Et le vin renversé rouge au flacon teignant De son sang conversé les étoffes nappées Racontait une histoire aux enfants embusqués   La famille était là réunie sous le chêne Et le photographe immortalisait la scène Chacun riait de cet instant

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MNÉMOSYNE (2015)

Peut-être ai-je toujours eu dans l’idée mnémosyne souviens-moi souviens-moi de cette époque-là j’avais ancrée dans la chair cette idée que l’amour – mnémosyne, souviens-toi – que l’amour, comme dieu, ne se doit jamais dire alcool trop fort dangereux ténébreux dangereux comme breuvage interdit le taire – oui trop dangereux à envoyer dans le visage de

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14 OCTOBRE 2015. AUX BEAUX-ARTS. L’INSTANT LEILA

Je suis stupéfaite du dessin de Leila. Leila a pigé Saisi Touché. Quelque chose que je n’ai pas vu. « Comment tu t’appelles ? – Leila. Je joue les grandes aînées conseilleuses : – Si je puis me permettre… C’était mieux en noir et blanc, avant que tu aies fait le fond en jaune… plus fort en noir

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J’AIME BIEN LES PHOTOS OÙ L’ON POSE (2005)

J’aime bien les photos où l’on pose Faire poser mes amis mes amants mes cousins mes enfants Est un bonheur pour moi un immense moment Et qu’ils sourient à l’objectif contents d’être si consentants Et qu’ils gonflent leurs lèvres closes Et que leurs joues explosent Du jus nacré de la jubilation des roses Partagez0 Partages

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C’EST TOUJOURS LA MÊME CHOSE. IL FAUT RENTRER À LA MAISON (1977)

C’est toujours la même chose. Il faut rentrer à la maison. La vie est une machine à coudre les paupières. Dans l’étui la fontaine anime en dandinant Sa musique coffrée, au bras d’un éléphant. Ce n’est pas que je n’existe pas. Mais je ne compte pas. Sur le bout de mes doigts n’est pas inscrit

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SEPTEMBRE 2011. JE CHERCHE QUELQU’UN QUI FASSE L’AFFAIRE

. Je cherche toujours quelqu’un. Compulse sur Internet bribes d’info voire d’indiscrétions sur le psychanalyste dont m’a parlé Toto en décembre 2009 quand je lui ai dit non sans raison « qu’il ne faisait pas l’affaire ». Non, mon vieux, vous ne faites pas l’affaire. Ou plus exactement, si vous la faites, c’est parce que très précisément

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VOIX D’AGLAÉ DANS LE CHEMIN (1987)

Voix d’Aglaé dans le chemin C’est la fillette du voisin. Peut-on se défaire étant femme des cris d’enfants dans le jardin ? et d’avoir vécu ce non-lieu d’un berceau où se transvasèrent incognito vos ambitions et votre faible identité d’un seul coup dans ce réceptacle? Là s’est arrêtée votre vie. Écoutez donc les vieilles femmes.

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BELLE ACOUSMATE (2009)

Cette acousmateaux oreilles d’automatequi entend dans sa têtedes mots qui pètentet les écrit fébriledans le petit carnetqui lui sert de sébileest comme ces très vieilles dames qui parlent toutes seuleset dans le vide s’exclamenten s’inventant un dramePour qu’il y ait quelqu’unelles entendent des voixPour qu’il y ait des motselles allument la radioPour rester être humainelles

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À TRAVERS MOTS (1997)

Subtilement éternelle méritoirement femelle essuyant tous les sites encrant sa sarbacane sciant l’anse et cessant de valser, elle étale un grand geste drapé sur l’immobilité.   Et pourtant téméraire et cependant osseuse et malgré tout pensante et sacrément muette la syllabe que voici vous tire sa révérence. Merci ! merci ! merci ! merci ô

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JE DÉCRIRAI CE QUI DÉPASSE (2006)

Je décrirai ce qui dépasseCe qui chante et ce qui passeFoudroyant ! le peu de tempsQue j’ai mis pour le trajetEn décrivantDans sa chemise ciel de villeCe génie un peu béantCe béni un peu néantUn peu gênant, moulinantSon débit de mitrailletteDoigt levé lippe en avantC’est du rap en gargarismeEstomac proéminentCalvitie, cheveux blancs,Vieux prophète, il en

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IL EST PARTI (2006)

Il est parti, dit-on, sans nous laisser d’adresseSauf celle des télégrammes qui n’arrivent jamaisAvec notre intuition tombée dans le goudronNous tairons prudemment son nomEt cependant jamais nous ne nous soumettronsMalgré toutes les pressions toutes les prédicationsles contre-prédictions et les objurgationsNous lui téléphonerons depuis notre cachetteet nous lui demanderons,au lion qui a mauvaise réputation,Qu’íl nous envoie

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EXPO *POUR NE PLUS Y PENSER* DU 28 MAI AU 13 JUILLET 2022

  Nouvelle expo de Marie-Noëlle Mathis « Pour ne plus y penser » dessins, peintures, collages, et poèmes, du 28 mai au 13 juillet 2022 à la Manufacture de Montolieu 20 impasse de la Manufacture 11170 Montolieu POUR NE PLUS Y PENSER (2012) J’ai voulu que ça soit un peu liquide j’ai voulu que ça tienne chaud

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LE MÉTRO DE LA DISSONANCE (2005)

Le métro de la dissonance Écrase une aciérie qui danse. Jambes croisées doigts enlacés L’un prie, l’autre a le dos courbé Sur l’écran tout petit qui sonne, Bureau de nain, tablette morne, Il téléphone à Perséphone Qui dans le métro nous espionne   Chantez, dansez, dieux souterrains boyaux d’attentes fourvoyées passacaille au dentier qui branle

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NOVEMBRE 2011. DE LA VIE À NE SAVOIR QU’EN FAIRE

Mercredi 2 novembre 2011 Venu à bout. Rendu un texte à Marianne pour son « Jude » (Jude de Jude de Jude de Jude !!) (aphorismes dans bouteille à l’amer, je l’aurais fait, et merde, comme je vous l’ai dit ça vaut mieux d’envoyer quelque chose et qu’on le refuse que de renâcler devant l’obstacle. – Mmww).

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EST-IL SI GROS ? (2007)

Est-il si gros ?Il m’enfonce le coude dans les côtesen compulsant un document qu’il lit avec satisfactiontoutes pages déployées tous coudes écartéset les genoux ouverts à 45 degrésOn dirait que c’est écrit en anglais.Tant pis mon grosPour me vengerJ’écris sur toiEt sous ton nezLe mal que je pense Des gens comme toiGros bouffis roisQui dans

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DRAMAMINE (2019)

Je me souviens qu’enfant du jour où l’on m’a donné de la dramamine je n’ai plus jamais eu mal au cœur en automobile   je me souviens que j’ai appris plus tard qu’on en avait donné aux soldats alliés pour le débarquement de Normandie. Mais nous, dans la Peugeot, nous n’allions pas en Normandie. Nous

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LIRE ALBERT LONDRES DANS L’AUTOBUS (2019)

À Paris, dans le bus 28 sous la pluie mêler sa rêverie à des mots d’Albert Londres. Psalmodier Héthéens, Amorrhéens, Phéréziens, Jésubéens, en regardant la tour Eiffel. La vie est un curieux mélange n’est-ce pas ? Au bout de l’avenue de Breteuil, des platanes écartent les bras. Les Invalides bouchent l’horizon. Lord Balfour avait dit

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BERCEUSE (1977)

La grand-mère a chanté sa berceuse au petit nourrisson qui s’étrangle, et dont l’iris gris-bleu ne distingue qu’un trouble. Il entend cependant les précises lueurs d’une grammaire ovale lui pénétrer le cœur.   La langue avec son corps joue à la mandoline. Il digère les sons dans l’émulsion du lait et des philologies, que la

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26 JANVIER 2009. PETITS TABLEAUX D’UN AUTRE MONDE

Souvenirs pour Shérane Je viens d’un autre monde, chère enfant.Quelques souvenirs en vrac.D’abord, le débarquement. La maison est petite, le temps radieux. Le village s’appelle Maillebois. Mon père ouvre la grille. Avec nous, il y a Totti. C’est mon frère. Maman, elle, n’y va pas. Elle reste, à cause des jumeaux. Nous, nous allons à

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MON ÉPITAPHE (2007)

Un jour de mélancolie ordinaire je suis allée au cimetière pique-niquer au Kremlin-Bicêtre   Plutôt que d’aller au resto je sortis donc de mon bureau franchis l’avenue de Fontainebleau où grondaient bus et tombereaux puis m’enfonçai à pas petits dans ce lieu-dit dans ce lit clos où bruissait l’âme des tombeaux   J’y admirai les

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MES ARTICLES DANS *LA CRITIQUE PARISIENNE*

Une éducation catholique de Catherine Cusset – La Critique parisienne n°72, 4ème trimestre 2014 Le siècle des nuages de Philippe Forest – La Critique parisienne n°66, 4ème trimestre 2011 Monet, une vie dans le paysage de Marianne Alphant – La Critique parisienne n°64, 4ème trimestre 2010 Sur le Web. « Pâlir de la fenêtre bleue

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2005. CLÉA et DOMINIQUE – ou UNE INTERLOCUTRICE MUETTE QUE LA COLÈRE ÉTOUFFE

NOVEMBRE 1981. Encore un dimanche que j’ai passé à préparer ma mort c’est-à-dire à écrire, plutôt qu’à m’occuper des vivants, Clara et Bo, qui, l’un, regarde la télévision, l’autre, gelée, s’enveloppe de lainages dans sa chambre et travaille (je suppose). Je suis triste. Rémy qui a passé les vacances de la Toussaint ici avec un

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PHOTO DE FAMILLE : COMMUNION SOLENNELLE (2019)

C’était un jour de mensurable été Où la table était mise habillée de chemises Et le vin renversé rouge au flacon teignant De son sang conversé les étoffes nappées Racontait une histoire aux enfants embusqués   La famille était là réunie sous le chêne Et le photographe immortalisait la scène Chacun riait de cet instant

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POUR NE PLUS Y PENSER – Poème de la séance de peinture du 10 septembre 2012 chez Olivier W.

J’ai voulu que ça soit un peu liquide j’ai voulu que ça tienne chaud   J’ai voulu que ça soit reconnaissable et j’ai crié : apparaissez, formes humaines Quatre silhouettes sont apparues   Alors j’ai murmuré : et vous, lettres de l’alphabet, faites-moi signe ! la lettre epsilon me plaisait   j’ai voulu habiller et

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